Ce vendredi 14 novembre 2025, le Parlement du a adopté, par 90 voix pour et 19 contre, la loi N°2025-20 du 14 novembre 2025, modifiant la loi N°90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution, révisée par la loi N°2019-40 du 7 novembre 2019. Cette réforme introduit des changements majeurs et elle soulève de sérieuses interrogations quant à sa légitimité démocratique. Le Bénin est a moins de 6 mois des élections générales ( Présidentielles, législative et locales).
Il est important de noter que cette réforme intervient après l’élimination de tous les partis politiques d’opposition aux prochaines élections générales : le duo candidat du parti LES DÉMOCRATES ainsi que toutes les listes de candidats de ce parti aux élections locales municipales ont été interdits par la Commission électorale nationale (CENA), décision confirmée par la Cour constitutionnelle et la Cour suprême.
Parmi les principales nouveautés de la réforme :
- Un mandat présidentiel réorganisé : passe de 5 ans à 7 ans, renouvelable une seule fois,
- Un Parlement bicaméral : composé de l’Assemblée nationale et du Sénat,
- Un mandat parlementaire: le mandat des députés passe à 7 ans, avec des dispositifs pour lutter contre la transhumance politique.
Suspension répétée et harcèlement réglementaire des organes de presse
Depuis janvier 2025, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Bénin multiplie les décisions de retrait d’autorisations, de fréquences et de positions dans le multiplex numérique, visant plusieurs organes de presse audiovisuelle. Les décisions de novembre 2025 s’inscrivent dans cette dynamique, avec le retrait simultané de fréquences pour Mifon FM, Couffo FM, Aïfa FM, Urban FM et Nostalgie FM, ainsi que la suppression du multiplex pour Canal 2 Star, Imalè Africa TV et Tunde Agric TV. Dans chaque cas, la HAAC invoque le non-respect des conventions, notamment l’obligation de diffusion régulière prévue à l’article 5.
Bien que ces décisions reposent sur des fondements juridiques légitimes et sur la nécessité de garantir la bonne gestion du spectre radioélectrique, leur accumulation sur une période courte — et ce dès le début de l’année 2025 — soulève des inquiétudes majeures quant à l’impact global sur la liberté de la presse, la pluralité médiatique et l’accès du public à une information diversifiée. En effet, le recours récurrent à la sanction la plus lourde (le retrait pur et simple de l’autorisation) réduit le nombre d’acteurs médiatiques en activité, accroît la vulnérabilité du secteur et peut entraîner un effet dissuasif sur les rédactions encore opérationnelles.
L’absence d’informations publiques sur l’examen des difficultés économiques, techniques ou structurelles des médias concernés limite également la transparence du processus. Une évaluation approfondie apparaît nécessaire afin de déterminer si cette succession de décisions, bien que juridiquement conformes, reste proportionnée et compatible avec les garanties constitutionnelles en matière de liberté d’expression et de liberté de la presse.